LA JOURNÉE DE LA SECTION CLINIQUE PARIS-ÎLE-DE-FRANCE A VILLE – EVRARD

LA JOURNÉE DE LA SECTION CLINIQUE PARIS-ÎLE-DE-FRANCE À VILLE-EVRARD
Paranoïa et schizophrénie aujourd’hui

DATES

ELUCIDATION
14 H – 15 H
LE COURS
15H – 17 H
28/11/2025 Ligia Gorini abien Grasser
Certitude et conviction
19/12/2025 Agnès Aflalo Pierre Sidon
L’individu contemporain entre schizophrénie ordinaire et lien social paranoïaquea
16/01/2026 Dalila Arpin Yasmine Grasser
Laisser-tomber ou volonté de jouissance : quelles perspectives chez de jeunes enfants
6/02/2026 Philippe Benichou François Leguil
Paranoia et schizophrénie : embarras et paradoxe du diagnostic.
20/02/2026 Jean-Daniel Matet Corinne Rezki
Clinique du déclenchement ? émergence ?
20/03/2026 Laure Naveau Beatriz Vindret
Délire paranoiaque
3/04/2026 Yves-Claude Stavy Dominique Laurent
L’Aimée de la Thèse
22/05/2026 Marie-José Asnoun Laurent Dupont
Paranoïa de Kretschmer et mélancolie, un nouage contemporain.
05/06/2026 abian Fajnwaks Yves-Claude Stavy
Pertinence clinique, et réel transclinique 

 
Les diagnostics du trouble psychique on mauvaise presse, renvoyés à une histoire de la psychiatrie frappée d’obsolescence. La disgrâce dans laquelle est tombée la nomination diagnostique trouve son contrepoint dans l’effort de nomination tenté par certains sujets pour dire ce qui les affecte. Cette dimension de la parole du sujet a été balayée par les différents DSM (surtout IV et V), par la pulvérisation des cadres cliniques et des repères structuraux. L’athéorisme revendiqué a fait le reste et achevé les névroses et les psychoses n’y résisteront pas, faute de supposer un sujet de la structure. C’est l’invention de Lacan dont « l’inconscient structuré comme un langage » a permis de soutenir la puissance de la structure et pour commencer de la paranoïa, reprenant la lecture que Freud nous laissait du destin de la libido dans les relations du sujet à l’objet dans sa correspondance avec Jung.  

Jean-Pierre Deffieux, dans « La clinique du présent avec Jacques Lacan », met en valeur la puissance du « aujourd’hui », dans le titre paranoïa schizophrénie… Le « aujourd’hui », renierait-il une histoire de la psychiatrie classique, frappée comme il le dit dans son premier chapitre d’une « grande détresse », sous le coup de la déconstruction opérer par les DSM, puis par les neurosciences malgré les premiers résultats tangibles obtenus par les psychotropes dans la seconde moitié du XXe siècle. Faute de nouvelles avancées dans ce domaine, c’est la promotion des études neuroanatomiques et neurophysiologiques qui donne aujourd’hui le ton avec des modèles d’imagerie de plus en plus sophistiqués, renforcés par la puissance de l’intelligence artificielle. Les approches comportementales en font leur lit. La clinique psychanalytique viserait-elle à restaurer une clinique psychiatrique qui, jusqu’à l’enseignement de Lacan a donné tout ce qu’elle pouvait. L’ambition du jeune Lacan, allait jusqu’à vouloir reconsidérer l’ensemble de la classification des paranoïas, comme en témoigne un article de jeunesse, mais c’est surtout son pari sur une lecture freudienne de la clinique qui permettra de renouveler de fond en comble notre conception des psychoses… Comme nous le rappelle, Carole de Wambrechies La Sagna dans l’avant-propos aux études cliniques lacanienne intitulé « Diagnostics sur-mesure » sous la direction de Jacques-Alain Miller, la psychanalyse n’est pas la médecine et le diagnostic est de l’ordre du discours du maître qui classe, ordonne et juge, alors que la psychanalyse ressort au discours de l’analyste qui met en jeu le désir, l’objet et la jouissance soit ce qui échappe à la détermination. Toutefois, comme ce petit volume tente de le démontrer, le discours analytique peut s’adresser au discours du maître pour le subvertir, le compléter en lui donnant sa place. L’intérêt et le plaisir du diagnostic, le bonheur intellectuel de nommer propre au 20esiècle auraient-ils disparu ?. C’est au XIXe siècle, que Freud reconnaît comme il était à l’œuvre chez un Charcot et il s’est diffusé maintenant hors de son champ d’origine pour concerner le grand public. De nombreux patients viennent voir un analyste avec un auto-diagnostic, trouvé sur Internet. Internet qui sert de contrôle de leur propre intuition. Ceci démontre aussi que la nosographie psychiatrique est intimement liée à la société qui la promeut et qu’elle évolue avec elle, comme la théorie qui la sous-tend. Mais les diagnostics, diffusés sur les réseaux sociaux sont plus de l’ordre du prêt-à-porter, que du sur-mesure comme Jacques-Lain Miller l’a repris, à propos de la psychanalyse. Si Freud posait que la psychanalyse a pour objet le mode de formation des symptômes, contrairement à la psychiatrie qui ne fait que les décrire n’a-t-il pas commencé son travail nosographique par la toute nouvelle névrose obsessionnelle, mais aussi par la mise en place de la bipartitions, névrose, psychose, où Lacan situera les fondements dans le Nom-du-père. 

La psychanalyse apparaît donc comme le refuge de la clinique et cette clinique pas sans l’histoire de la psychiatrie, et cette nosographie quand Lacan disait de de Clérambault, qu’il était « son seul maître en psychiatrie », lui qui avait hissé le diagnostic au rang d’un art tout en préservant, sa part d’énigme. Dès les Premiers Ecrits comme le souligne Jacques-Alain Miller, dans la préface, Lacan cherche ce qui contredit la théorie et oblige à repenser les catégories. La lecture de Freud, nous rappelle à la nécessité de lire le cas comme s’il était toujours le premier : la psychanalyse privilégie donc le nouveau. Mais le point très important qui a été souligné par la clinique déployée dans les cas présentés dès l’après-midi de rentrée c’est la découverte du transfert, c’est une clinique sous transfert comme l’a souligné Jacques-Alain Miller et c’est ça qui fait la grande différence avec toutes les autres approches nosographiques. Ainsi l’analyste est pris dans le transfert, dans le symptôme présenté par le patient, ce qui permet de dire qu’à la singularité la plus marquée, répond un diagnostic sur-mesure, qui fait écho à cette singularité déployée par le discours d’un sujet au fil des années. Le diagnostic peut être implicite ou non, précis ou flou, variable dans le temps, mais il recèle dans le meilleur des cas, une surprise là. Lacan n’a-t-il pas évoqué Kraepelin et « la paraphrénie imaginative » dans la discussion qui a suivi une présentation clinique de Sainte-Anne, dans la présentation de mademoiselle Boyer dans Redivivus. Comme l’a souligné Y-C Stavy, dans son cours de l’année dernière, Freud a déployé dès sa correspondance avec Jung , une clinique différentielle, hypothèse d’une clinique structurale, sa manière de décliner les différentes modalités de retour de la jouissance que la psychiatrie avait déjà su distinguer : la jouissance que Freud qualifie de libido qui faute du maintien de l’investissement d’objet « dans la réalité ou dans le fantasme » fait retour sous la forme d’une déclinaison de certitudes psychotiques distinctes : 

  1. Détachement de la libido et retour dans le monde et c’est la paranoia
  2. Maintien de la libido dans le vivant du corps et c’est la schizophrénie,
  3. Identification à la Chose et c’est la mélancolie.

Lacan donnera dans « Télévision » les conséquences pour la manie et la mélancolie. Il nous enseigne ave Aimée et Schreber sur le passage à l’acte dans la psychose, sur la fonction du délire dans les paraphrénies et la paranoïa, puis avec Joyce sur le traitement par l’écrit des symptômes psychotiques. 

La psychose ordinaire apparait comme la suite de cette recherche sur la clinique psychanalytique des psychoses.

Parole, transfert et cure apparaissent aujourd’hui comme les petites lettres que nous a laissé Lacan au cours de son Séminaire comme les instruments susceptibles de poursuivre notre partenariat avec les sujets psychotiques. C’était l’enjeu de la séance d’ouverture de la Section clinique en 1977 comme le démontre l’échange entre Jacques-Alain Miller et Lacan. Il le reste plus que jamais aujourd’hui et ça sera donc l’orientation de notre année à Ville-Evrard. – J.-D. Matet

 

LIEU
Hôpital de Ville-Evrard – Salle la Chapelle
(avec le concours du service du Dr Sylvia RENER et des praticiens du secteur 93G15-)
202, avenue Jean Jaurès – 93330 Neuilly sur Marne
TRANSPORT : RER ligne A arrêt : Neuilly-Plaisance,
puis bus 113 : arrêt Ville-Evrard

HORAIRE
Les vendredis : 10h-17h, 28 novembre, 19 décembre, 16 janvier 2026, 6 février 2026, 20 février, 20 mars, 3 avril, 22 mai et 5 juin 2026.

ENSEIGNENTS ET RENSEIGNEMENTS
Dr. Dominique Laurent
Dr. François Leguil
Dr. Yves-Claude Stavy

01.82.37.00.90
(secrétariat du Dr L. Gorini)

Date

Fév 20 2026

Heure

10h00 - 17h00

Prochaine occurence

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